PROHIBITION DE LA CAUDOTOMIE

DR. NACHTEGAELE

Un jeune chiot de deux jours, désinfection de la petite queue, une coupe mineur, un petit cri, contrôle d’un saignement minuscule, éventuellement une suture minimale et le tour est joué.

Dans deux ans cette intervention sera interdite, et alors ? Après trente ans d’expérience en tant que vétérinaire d’animaux domestique, je me pose quand même des questions sur le futur.

Il y a bien longtemps l’homme a introduit le chien dans sa vie et dans sa maison soit en tant que chien de travail soit en tant que chien de compagnie. Ces dernières décennies, le chien a déménagé, du chenil et de sa place devant la charrette à chien, vers l’intérieur de la maison. Quelques-uns sont mêmes parvenus à conquérir la chambre à coucher ou pire, le lit, de leur maître – avec toutes les conséquences qui en résultent. Des maisons et des appartements pleins d’armoires, de tables, de chaises, de murs, etc.… Imaginez la douleur qu’il devra subir, à chaque fois qu’il accueillera son maître plein d’enthousiasme et qu’en agitant sa queue, il fouettera ces objets sans pitié. Le bout de la queue sera tellement traumatisé que le sang jaillira et le propriétaire lui, finalement, en aura mare de nettoyer à chaque fois ses vêtements, ses meubles, ses murs, son plafond. Pauvres chiens ! Quelques-uns, après que leurs maîtres auront pris la peine de rendre visite à leurs vétérinaires, déménageront après quelques mois de vie à l’intérieur de la maison vers un chenil extérieur. Quelques propriétaires passeront leur « problème » à quelqu’un d’autre, quelques-uns envisageront même l’euthanasie. Heureusement, une partie de ces chiens arriveront dans le cabinet du vétérinaire, là un traitement de longue durée les attendra : des pansements, des pommades, des tubes autour de la queue, des antibiotiques, des analgésiques,… jusqu’au moment où, finalement, il ne restera qu’une seule option, l’amputation de la queue.

Il ne faut pas oublier que le bout de la queue c’est un peu le bout du monde : « de la peau sur les os ». A partir du moment où la queue est blessée toutes les caractéristiques de l’infection apparaissent. On se souvient ? Dolor, calor, rubor, tumor… en d’autres mots : douleur intense (semblable à la douleur que l’on ressent si on se frappe un doigt avec un marteau… à plusieurs reprises), rougissement du bout de la queue qui chauffe, saignements fréquents, gonflement de celle-ci, jusqu’à la nécrose, – développement inévitable si le chien, à cause de la douleur, commence à se lécher et à mordre sa plaie.

Amputation de la queue à ce moment là ? Certes, c’est une possibilité, mais… . La procédure exige une anesthésie totale, une bonne technique opératoire, une surveillance intensive après l’opération et une collerette frustrante autour du cou afin d’éviter qu’il arrive à mordiller la blessure. Puis, en s’asseyant, la queue opérée peut à nouveau être traumatisée : des seromes peuvent apparaître, des gonflements par lesquels la blessure chirurgicale peut éclater, suivis par des infections et la possibilité d’une deuxième opération.

Si tout se passe vraiment bien cette intervention chirurgicale douloureuse peut résulter en guérison après une quinzaine de jours, mais pour cela il est tout à fait indispensable que le propriétaire reste constamment très attentif auprès de son chien pendant toute la période de la guérison.

Si, par rapport à la prohibition de la caudectomie en 2006, une exception pourrait être faite pour les races qui ont une longue queue, lourde, « agitée » et avec peu de poils, une « queue fouet », des races comme le Boxer, le Dobermann, le Rottweiler etc.… beaucoup de  souffrance inutile pour l’ animale, à un âge adulte, pourrait être éviter. Car, la coupe de la queue, la caudectomie chez un chiot de deux jours est une intervention presque indolore. Peut-être pourrait-on y réfléchir ?

Dr. Luc Nachtegaele

La rédaction : le Dr Nachtegaele est spécialiste entre autres en matière Boxer. Depuis 18 ans il est membre de la « Commission Nationale des affections locomotrices chez les animaux de Compagnie ».